Avant de vous associer, posez-vous les bonnes questions

Que ce soit à la création de votre entreprise ou dans le cadre de son développement, s’associer peut être une excellente option pour autant qu’elle soit mûrement réfléchie.

J’ai vu, trop souvent, des guerres fratricides entre deux associés à 50/50 jusqu’alors amis, frères, cousins ou parrains se dénouer devant les Tribunaux soit par un rachat forcé d’actions soit par une faillite retentissante laissant des traces indélébiles. Mais pourquoi ?  Les facteurs déclencheurs, régulièrement observés, relèvent des jeux de pouvoir, d’une implication asymétrique, de visions différentes, de relations conflictuelles, de styles et méthodes de travail différents, parfois même de comportements délictueux.

Avant de s’associer, il est impératif de comprendre les enjeux en partant de la nécessité même de s’associer et le cas échéant de mettre en place des principes indispensables pour éviter voire surmonter ces crises entre associés.

La comparaison vous paraîtra exagérée mais s’associer c’est (presque) comme se marier : pour le meilleur et pour le pire !

Avant de parler des raisons qui vous pousseraient à vous associer, de la personne (ou des personnes) avec laquelle (lesquelles) vous voudriez vous associer ou encore du timing d’une telle association, je vous propose de faire une introspection sincère car comme l’écrivait Socrates « connais-toi toi-même ».

Je crois qu’il est préférable de s’abstenir si :

– vous êtes hyper-individualiste ;

– vous éprouvez des difficultés à partager les responsabilités, les décisions, les succès mais aussi les échecs entrepreneuriaux ; 

– vous êtes incapables d’exprimer vos désaccords à tête reposée ou d’accepter les critiques sans les prendre personnellement ;

– vous avez du mal à encourager les idées des autres et, plus encore, à les accepter ;

– faire confiance n’est pas dans votre nature ;

– vous voyez « l’autre » comme une menace ;

– vous avez peur de perdre le contrôle de votre projet.

En supposant que tous les voyants soient au vert, la question «s’associer pour faire quoi ? » se pose. Quelles sont vos motivations ?

Avez-vous besoin de liquidités, de certaines compétences, d’un savoir-faire ou d’un réseau que vous ne possédez pas ? Vous ne vous sentez pas capable de porter votre projet seul ? Vous voulez limiter vos risques ? Vous voulez faire plaisir/aider une personne qui vous est chère ?

Associez-vous pour de bonnes raisons et pas sur un coup de tête que vous pourriez regretter dans un avenir plus ou moins proche.

S’associer est une décision à long terme et non pas temporaire. Surtout ne confondez pas associé et salarié, le premier investissant dans l’entreprise (liquidités ou apport en nature) et recevant, en contrepartie, des actions inscrites dans le registre des actions prouvant sa qualité de propriétaire partiel de l’entreprise, actions ouvrant le droit à la perception de dividendes proportionnellement aux actions détenues. Il partage les risques et intervient dans les décisions stratégiques mais également opérationnelles en fonction de son rôle. 

Le « bon timing » de toute association est critique. Toutes les conditions sont-elles réunies pour s’associer ?

Il faut absolument avoir l’esprit serein. Des problèmes d’ordre privé, financier ou physique, peuvent constituer des contraintes importantes qui risquent de mettre à mal votre projet d’association. Dans de tels cas, il serait probablement préférable de postposer toute association et attendre de meilleures jours.

Effectivement, une telle décision est très engageante. Ne la prenez pas à la légère. Prenez le temps de la réflexion.  

Une fois vos motivations et le timing validés se pose la question de « qui souhaitez-vous faire entrer dans le capital de votre (future) entreprise ? »

Il y a deux règles à respecter. La première c’est que l’association est d’ordre professionnelle. Evitez, par conséquent, et ce dans la mesure du possible, d’y mêler le privé même si cela peut être tentant.  La seconde est de choisir une personne complémentaire et différente. Partager la même vision n’implique pas la sélection d’un clone.

Quel profil recherchez-vous ? Quel rôle jouera-t-il (elle) ?

Afin de trouver la perle rare, vous pourrez faire appel à votre réseau professionnel, à des collègues actuels ou anciens, aux clubs d’investisseurs ou encore aux réseaux sociaux. Il existe également des plateformes spécialisées dans la recherche d’associés telles que How I met my co-founders (https://himmc.be), Biznessful (https://biznessful.com) et Wikipreneurs (https://www.wikipreneurs.be/fr/partners-exchanges).

N’oubliez pas que l’exercice d’introspection que vous avez réalisé devra également être soumis à votre futur associé, car au-delà des apports financiers et intellectuels, il est primordial de s’assurer de l’adéquation de votre vision pour l’entreprise, d’avoir un objectif commun et surtout d’avoir un même système de valeur.

Pourquoi ne pas faire appel aux tests de personnalité du type MBTI voire à un cabinet de sélection et recrutement pour vous accompagner dans vos recherches ?

Cela a, certes, un coût mais il est bien moindre que celui d’une erreur de casting.

Dans mon prochain article, je parlerai, en détail, du pacte d’associés qui régit les relations entre les associés et permet la résolution de conflits entre eux.

Bien à vous, Aslam